Les jumeaux de la région de Mananjary
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Les jumeaux de la région de Mananjary

Depuis près de quatre siècles, une malédiction sévit sur les jumeaux de la région de Mananjary, située au sud-est de Madagascar, et cela au nom d’une tradition ancestrale. Vivant à 600 km de la capitale Antananarivo, les Antambahoakas, l’une des dix-huit ethnies du pays qui représentent 22.OOO âmes sur 18.000.000 habitants, sont tenus à l’écart par les autres ethnies qui les considère comme des « parias ».

Cette mise à l’écart est due à une superstition peu connue en Occident, et qui consiste à condamner les jumeaux issus des parents Antambahoakas, pour qui, les grossesses jumélaires sont « fady », c’est-à-dire taboues.

 En effet, selon la tradition, les jumeaux portent malheur, et cette assertion est dû à plusieurs mythes qui la fonde. 

Certains racontent qu’au XVIIIe siècle, lors d’une invasion étrangère, les Antambahoakas ont été forcés de quitter le village. Le roi aurait perdu la vie dans une bataille après être revenu au village cherché l’un de ses jumeaux qu’il avait oublié dans la fuite.

 On raconte aussi que le premier Antambahoaka aurait choisi une épouse qui, après avoir accouché de jumeaux, serait morte. Il aurait juré que sa descendance n’élèverait jamais plus de jumeaux. 

Plus récemment, c’est au XIX siècle que l’ancienne reine, Ranavaolona Ire, persuadée par un astrologue que les enfants nés sous le signe des gémeaux étaient destinés à la gloire, imposa aux parents de les tuer ou de les abandonner à leur porte par peur d’être déchue de son trône.

En somme, ce mythe n’est pas aussi lointain que cela et l’horreur qui en découle continue à affecter plusieurs vies. Ainsi, de nos jours, même si les abandons reculent, ils ne disparaissent pas. Les jumeaux sont considérés comme des animaux: ils n’ont pas le droit de travailler dans les champs, d’entrer dans la maison d’un villageois ni d’être enterrés dans le caveau familial. C’est l’exclusion totale. 

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